Je vous fais aujourd'hui la traduction d'un article d'un numéro du magazine du Centre de santé "Hippocrates", qui m'a fait sourire, sourire jaune mais sourire quand même.
Le taux d'obèsité en Amérique est maintenant un problème de sécurité nationale par Debra Tau.
Un jeune adulte sur quatre en Amérique est obèse. Cette statistique a triplé durant les 10 dernières années, donnant matière à s'inquiéter à de nombreux niveaux. Un groupe d'officiers militaires américains retraités (en fait 130 anciens haut gradés) appelé Mission:Readiness (Mission:Préparation) s'y est intéressé car selon eux, l'augmentation du nombre d'obèses parmi les jeunes américains pose un problème de sécurité nationale. Plus d'un quart de jeunes adultes (27%) sont incapables de satisfaire aux critères physiques militaires (et donc ne sont pas aptes au service militaire), car le problème de poids est la raison médicale n°1 pour laquelle les recrues sont rejetées. Les jeunes de l'Amérique sont tout simplement "trop gros pour se battre" (too fat to fight), a noté l'Amiral de la Navy James Barnett, Jr. qui est un membre de Mission:Préparation.
Comme 40% de la prise calorique d'un enfant est consommée à l'école, Mission:Préparation voit le temps du déjeuner comme la première ligne de défense logique pour la prévention des problèmes de poids des adolescents. Par conséquent, le groupe réclame une règlementation plus stricte concernant les repas à la cantine comme moyen de diminuer le nombre de calories quotidiennes consommées par les enfants tout en améliorant la nutrition. Ironiquement, les militaires avaient demandé au gouvernement de faire quelque chose en 1945 pour la malnutrition enfantine, demande à l'origine de la National School Lunch Act (un programme visant à proposer aux étudiants des repas à bas prix ou gratuits par le biais de subventions aux écoles).
Cette fois, l'approche consiste à éliminer la junk-food (malbouffe) et les boissons hautement caloriques, tout en développant des initiatives pour éduquer les enfants et leurs parents afin de changer leur style de vie.
Une amélioration de la nutrition enfantine aidera également les coûts de santé liés à la nourriture et bénéficiera ainsi financièrement aux familles. Bien sûr, la nutrition seule ne renversera pas l'épidémie d'obésité qui sévit parmi les jeunes américains. Augmenter l'activité physique des jeunes au-travers du sport contribuerait aussi à leur permettre de retrouver un poids sain. L'armée a même fait un effort pour accommoder davantage les besoins en formation des recrues en mettant à jour son programme de camp d'entrainement de remise en forme.
Dans cet article, il n'est question que des jeunes, toutefois l'épidémie d'obésité ne les touche pas seulement. Elle a également infecté le cœur même de l'armée ! Là même où on n'imaginerait pas qu'il puisse y avoir des problèmes de poids ! Pour moi (et je suppose que je ne suis pas la seule!), un militaire doit être en parfaite forme physique, son efficacité professionnelle en dépendant logiquement.
Une étude médicale du Pentagone, publiée en janvier 2009, indiquait que le taux de personnels obèses avait doublé en l’espace de cinq ans, passant de 2,1% en 2003 à 4,4% en 2008. « Le surpoids et l’obésité sont préoccupants car ils sont associés à une baisse d’efficacité opérationnelle dans les rangs militaires et à des conséquences néfastes sur la santé » concluait le document.
Aussi, l’US Army a pris le taureau par les cornes en lançant un programme à l’intention des bases où sont formées les jeunes recrues, comme indiqué ci-dessus dans l'article traduit. Ainsi, ces dernières sont encouragées à avoir une alimentation plus saine et équilibrée, via un système de couleurs (vert, jaune, rouge), lesquelles varient en fonction de la quantité de calories de chaque aliment. Et pour éviter les tentations, les pâtisseries ont disparu des menus, de même que les frites, les sodas et les pizzas. Le fromage est conservé et classé au niveau rouge.
Et le résultat semble être à la hauteur des espérances. « J’en ai vu qui ont perdu 35 kilos au cours de leurs classes » a confié, à l’Agence France Presse, le sergent-major Robert Boudnik, le responsable de l’ordinaire (cantine) de la base de Fort-Benning. (Source Zone Militaire).
Malheureusement l'obésité a fait aussi son apparition dans les armées d'autres pays.
Selon une étude publiée en janvier 2011, 23,5% des militaires canadiens sont obèses tandis que la proportion de ceux qui sont en surpoids atteint les 48%. A cela s’ajoute la consommation excessive d’alcool pour 47,8% d’entre eux, ce qui représente une augmentation de 3,4% par rapport au précédent sondage, réalisé en 2004.
Pour expliquer ce phénomène, l’étude met en avant la sédentarité des emplois, le manque d’activité physique (un comble dans l'armée!) et les mauvais régimes alimentaires (pour avoir côtoyé des militaires, je confirme que l'équilibre alimentaire n'est pas souvent au rendez-vous dans l'armée française non plus !). Un porte-parole du ministère canadien de la Défense a déclaré qu’aucun employé n’était disponible pour commenter le dossier à l’heure actuelle.
Cette tendance n’est toutefois pas propre aux forces armées canadiennes. Il a été constaté la même chose en Allemagne, en Belgique, où 60% des militaires sont en surpoids et 15% sont obèses, ainsi qu’au Royaume-Uni, où un rapport sorti en 2009 notait « l’évolution inquiétante de l’obésité » chez les soldats britanniques et constatait que des milliers d’entre eux n’étaient pas aptes à partir en opération extérieure ( "unable to deploy").
Qu'en est-il de nos militaires français ? Mystère ! Il semble qu'aucune étude n'ait été faite sur le sujet. Sujet inexistant ou gênant? Sachant que nous finissons par avoir les mêmes problèmes que les États-Unis avec quelques années de retard, je m'inquiète...
Nadège
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