Il pourra sembler presque intolérable à certains d'entre vous de lire encore une allusion de plus à Michael Jackson, après cette récente omniprésence planétaire de la star dans tous les médias, alors qu'une actualité bien plus grave aurait dû solliciter l'attention des populations... et pourtant c'est bien sa mort qui m'inspire ce billet.
Personnellement, je n'aurais jamais acheté un seul DVD de ce chanteur, ou assisté à un seul de ses concerts, simplement parce que cette musique ne me touche pas particulièrement, ou pour dire vrai, si peu. Pourtant j'ai toujours éprouvé une inexplicable tendresse pour cet artiste en même temps qu'une immense admiration pour ses extraordinaires talents d'homme de spectacle et de musicien. Pourquoi cette tendresse ? Elle fait partie de ces choses relevant de l'irrationnel, du ressenti, qui vous viennent malgré vous et ne peuvent juste qu'être maîtrisées mais jamais supprimées.
Je crois avoir compris que ce sentiment me venait pour tous les êtres handicapés, quel que soit ce handicap. Alors je pense au handicap physique et au handicap mental pour lesquels il est admis par tous (et plutôt "bien vu"), de s'apitoyer, de compatir et d'aider quand c'est possible. Ce partage n'enlève rien au handicap du handicapé, cependant de se savoir compris et soutenu doit soulager son fardeau, du moins je l'imagine.
Mais qu'en est-il du "handicapé émotionnel" ? Je pense très fortement à tous les êtres dotés d'une hyper-sensitivité, comme le sont la majorité des artistes, connus ou inconnus, comme tous ceux qui manifestent parfois un don particulier, hors du commun, comme tant d'autres anonymes qui sont juste dotés d'une réceptivité hors norme, et qui parfois, en plus, comme si ça n'était pas encore assez d'être plus fragiles que les autres, portent les stigmates d'une enfance traumatisante.
Je suis sûre qu'une partie d'entre eux a dû constituer le gros des pensionnaires de divers établissements psychiatriques durant des décennies, parce que considérés comme "fous", "anormaux", "bizarres", "déréglés" ou autres qualificatifs désignant une sorte de rejet de la société, surtout lorsque celle-ci ne peut tirer un bénéfice immédiat du talent du "fou" en question. Car ce handicap-là a un droit d'existence très fluctuant.
Peut-on imaginer la souffrance d'un être qui se sent différent des autres, et qui l'est, mais ne peut ni l'exprimer, ni l'expliquer... qui se sent incompris dans sa douleur...qui se sent agressé par le monde tel qu'il est, par les violences de celui-ci, par ses brutalités, par ses disharmonies diverses, et qui n'a pas en lui les outils nécessaires pour se "blinder", pour se créer une carapace, ou pour simplement prendre de la distance ?
Selon la profondeur de cette sensitivité impossible à maîtriser, je crois que certaines existences doivent être égales à une torture permanente. Et que fait-on pour supprimer une douleur insoutenable ? On se drogue (de toutes les façons possibles et disponibles dans la société où il nous est donné de vivre), juste pour perdre la conscience de cette douleur et en être enfin soulagé, ce qui équivaut à un lent suicide, faute d'accomplir le geste fatal...
Alors, si quelqu'un autour de vous semble "bizarre" ou juste difficile à comprendre (peut-être l'un de vos enfants, ou l'un de vos parents...), avant de le rejeter ou de le condamner il vaudrait sans doute mieux penser à sa "différence" comme à un handicap qui l'autorise à bénéficier, comme tout handicapé, de toute la compassion et de tout l'amour dont l'être humain, vraiment "humain", est capable. Il est plus digne de s'abstenir de tout jugement, surtout lorsque celui-ci (dans le cas des célébrités) n'est émis qu'à travers le filtre troublé de nombreux médias. Le "handicap" n'est pas toujours exposé en pleine lumière et le visible est parfois très trompeur.
Et si vous le pouvez, encouragez ces personnes plus fragiles à porter une attention particulière à leur alimentation, afin d'optimiser au maximum le fonctionnement des neurotransmetteurs, glandes, hormones...participant tous à la biochimie du corps et à la nourriture des émotions.
Colette