(Philippe Desbrosses est docteur en science de l’environnement, agronome, expert depuis plus de vingt ans auprès de la Commission de Bruxelles et du Parlement Européen, ainsi qu’auprès de notre ministère de l’agriculture. C’est lui qui, dès 1973, fait reconnaître l’agriculture biologique, en co-créant le label AB. On le qualifie volontiers de “pape de la bio”… Il a fondé un centre pilote européen en agriculture biologique à la ferme de Sainte Marthe, ferme familiale de la famille Desbrosses, à Millançay, en Sologne.)
Le Titanic ?
La fin de l’espèce humaine ? Tous les voyants sont au rouge et pourtant, nous n’avons pas encore réalisé la gravité et l’urgence de la situation. Ceci me fait penser au comportement des passagers des premières classes du Titanic avant qu’il ne sombre : le champagne coulait à flot, l’orchestre jouait de plus en plus fort et tout le monde s’étourdissait à qui mieux mieux pour ne rien voir et ne rien entendre. La catastrophe de ce naufrage ne concernait que quelques Terriens, mais aujourd’hui, l’enjeu est non seulement la survie de l’espèce humaine, mais la survie de toutes les espèces vivant sur la Terre.
Convergence des crises
Si je raisonne avec pragmatisme et rationnellement, je n’ai aucune raison d’être optimiste. Matériellement, nous ne pouvons pas sortir indemnes de cette situation. Nous sommes déjà dans une configuration de non-retour. Le plus grave n’est pas la dernière goutte d’eau ou la dernière goutte de pétrole, le plus terrible est le choc des flux migratoires. Ils sont déjà perceptibles et vont projeter des millions d’êtres dans une confrontation ultime.
J’avais écris en 1988, dans “Le krach alimentaire”, sous le titre de “Prospérité trompeuse”, que “tous les désordres et les déplacements de populations suscités par les convoitises exacerbées des pays industrialisés qui ont pillé les ressources et déstabilisé les équilibres socio-économiques des pays les plus fragiles provoqueraient intégrisme, terrorisme et immigrations anarchiques”. J’ajoutais que notre aveuglement et notre égoïsme nous empêchaient de voir que la seule façon de faire face à cette vague déferlante des exclus vers les nantis était de partager nos biens et nos savoirs, pour recréer chez eux un mode de vie supportable… Sinon, notre aveuglement se traduirait par un gigantesque holocauste… et pour n’avoir rien donné, nous aurons tout perdu… Eh bien, nous sommes face au destin que nous nous sommes forgé. Nous sommes pour la première fois dans l’histoire connue de l’humanité devant une situation inédite : toutes les crises se sont donné rendez-vous et nous ne savons pas en mesurer les conséquences, car ce choc frontal est d’une exceptionnelle ampleur, avec la convergence des crises climatique, énergétique, économique, financière, démographique, alimentaire, écologique, sanitaire.
Je vous suggère donc d'en lire la suite en essayant de vous procurer ce magazine.
Colette
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