L'interview de Solange Rodrigue, présentée par Fréderic Patenaude est d'autant plus intéressant qu'il relate son expérience avec deux enfants élevés, depuis la naissance, avec ce type d'alimentation et devenus d'une part jeune adulte et d'autre part adolescent, en pleine santé.
Entrevue avec Solange Rodrigue
Crudivore à 100% depuis 1981
Q: Depuis combien de temps manges-tu cru, et comment as-tu découvert cette alimentation?
R: C’est la recherche d’une vie. J’ai commencé à manger cru en 1981. Maintenant je ne compte plus les années, je retiens juste la date! C’était environ deux ans avant que ma fille naisse. Maintenant j’ai une bonne nouvelle, elle est enceinte!
F: Félicitations!
S: Merci!
S: Donc comment j’ai découvert ça… C’était plus par philosophie. On était à la recherche d’une alimentation idéale. On avait abandonné le pain blanc et le sucre blanc parce que mon copain suivait un cours en philosophie et son prof l’avait conscientisé sur la qualité de la nourriture. Mon copain commençait à philosopher et à se poser des questions. Ensuite on a abandonné le sucre blanc et le pain blanc, et on a commencé à faire notre pain maison. On mangeait de la cassonade, sans savoir que c’était seulement du sucre coloré... donc c’était le début. Ensuite en 78 on a fait un voyage à Vancouver et on a rencontré un groupe de gens qui suivait le système de Diet For A Small Planet, « Sans Viande et Sans Regrets. » Donc il y avait beaucoup de fèves dans les armoires, beaucoup de trucs séchés. On ne savait pas comment ça fonctionnait tout ça mais en revenant au Québec à l’automne, on s’est mis là-dedans.
On a fait partie d’une coopérative d’alimentation, et puis, par un pur hasard, je me suis retrouvé dans la section des produits naturels et je suis devenue en charge des commandes. J’ai donc tout de suite fait commander des produits naturels. Ensuite, j’ai commencé à lire des livres qui parlaient d’alimentation saine. On pratiquait toujours le régime de « Sans Viande et Sans Regrets », mais on trouvait que c’était très lourd comme alimentation. Il fallait complémenter les protéines dans un repas pour avoir des protéines complètes. On pensait que ça valait quelque chose, on se disait, “Il ne faut pas manquer de protéines!” Mais on se sentait très léthargique après un repas comme ça. Aussi à cause des fèves qu’on mangeait en grandes quantités, on avait beaucoup de gaz. On s’est dit, que ce n’était pas tout à fait naturel d’avoir tant de gaz que ça.
On a continué à chercher, on voyait qu’il y avait quelque chose qu’il fallait changer pour améliorer ça. Ensuite on est tombé sur Shelton et les combinaisons alimentaires. On a essayé ça et tout de suit ça a allégé les repas, c’était déjà plus facile à digérer, on se sentait moins lourds. On s’est dit, « Oui, il y a quelque chose dans les combinaisons alimentaires. »
Mais une fois que t’es rendu aux combinaisons alimentaire, t’as pas fini de chercher, tu te dis qu’il doit bien y avoir autre chose. On étudiait en philosophie à l’université. On cherchait l’idéal encore, mais on ne l’avait pas encore trouvé. On s’est mis à réfléchir et on s’est dit: oui, mais, l’homme préhistorique, comment est-ce qu’il mangeait lui, sans le feu? Qu’est-ce qu’il pouvait bien manger? C’est simple, il se promenait, il trouvait un manguier, il montait dedans et puis il cueillait les fruits, ou il ramassait ce qu’il y avait par terre. Il se contentait de ce qu’il pouvait trouver, et il en mangeait jusqu’à ce qu’il n’ait plus faim!
On a jamais pratiqué l’instincto. Mais notre conclusion était: l’homme préhistorique mangeait cru. Plus tard j’ai trouvé le livre de Albert Mosséri, La Nourriture Idéale. On a trouvé qu’il était un peu trop religieux, mais que l’idée de fond quand même était bonne. Il nous a mis sur une bonne piste, celle de manger cru. C’était durant l’été, en 81. On s’est dit: l’été, il y a plein de fruits, plein de légumes à manger, c’est une bonne saison pour essayer ça. On s’est dit qu’on allait faire ça pendant un mois. Moi j’avais un peu de réticence au début, parce que j’aimais bien le pain. Mais on l’a essayé un mois, et ensuite on a continué.
F: Les résultats ont été assez positifs pour continuer?
S: Oui. Mosséri mange à 80% cru. Nous autres on s’est dit: si on ne se lance pas là-dedans à 100%, on va toujours être tiraillé entre le cru et le cuit. On s’est dis, on essaye à 100%, et on est resté à 100%.
F: Tout ce temps-là?
S: Oui. Tout ce temps-là! On s’encourageait à deux aussi. C’est évident que quand t’as des problèmes émotifs, t’en parles à l’autre, pour argumenter et puis trouver des raisons de continuer avec cette alimentation. En fait, notre alimentation est un conditionnement. Il faut juste que tu défasses ce conditionnement puis que tu en mettes un autre à la place.
F: C’était quoi vos motivations?
S: La philosophie pure et dure ! De trouver la nourriture idéale. Moi je suis une perfectionniste, puis mon copain c’était un philosophe… [rire]. On avait tout ça pour nous motiver. C’est sûr que ça prend une motivation. On veut vivre plus vieux, on veut vivre en santé, on veut vivre à 100%, on veut assimiler à 100%. Y avait ces raisons-là aussi.
F: Donc c’était de trouver l’idéal dans l’alimentation?
S: C’était l’idéal qu’on cherchait, et puis on a tout de suite vu qu’en mangeant cru c’était bien plus facile après un repas d’aller suivre un cours à l’université. On ne s’endormait pas sur nos chaises! Puis on n’avait pas besoin de thé et de café pour se stimuler.
F: Ensuite vous avez eu deux enfants?
S: Oui, on a eu deux enfants.
F: Ils ont mangé cru dès le début?
S: Ils ont toujours mangé cru. Je les ai allaités longtemps. Ma première a commencé à manger de la nourriture solide autour de 10 mois. On lui donnait juste du lait avant ça. Mais comme elle nous voyait toujours manger, elle voulait manger les choses qu’on mangeait, mais si on ne voulait pas. Un moment donné on s’est décidé, alors on a commencé à lui donner des kakis. C’est mou, c’est sucré, et elle a bien aimé ça. Après ça des bananes, que les enfants sucent et arrivent à manger. Alors lentement j’ai introduit de la nourriture solide dans son alimentation et je l’allaitais encore. À l’époque on avait des produits laitiers aussi.
F: Que vous en avez mangé pendant un certain temps?
S: Assez longtemps. Mais bon, ça a quand même bien fonctionné. On savait qu’on n’était pas parfait, et qu’on ne l’est pas encore non plus.
F: Vous êtes resté combien de temps au Québec avant de partir à l’étranger?
S: On est parti en 1997.
F: Donc vous êtes resté à peu près 15-20 ans, le temps que les enfants grandissent?
S: Ça fait cinq ans qu’on est parti du Québec. Les enfants avaient 14 et 9 ans quand ils sont parti du Québec.
F: Durant tout ce temps-là, est-ce que vous avez rencontré d’autres gens qui mangeaient cru au Québec?
S: Au Québec, on n’avait jamais rencontré des gens qui mangeaient cru. On avait fait un article dans le Guide Ressource, mais on n’a pas rencontré personne grâce à ça. Puis après ça on a participé à une émission à Radio-Canada, et là on a entendu parler de gens en Ontario qui mangeaient cru. Il y a quelques personnes qui ont appelé, mais c’est tout. On rencontrait juste des gens qui nous disaient, “ah, je connais quelqu’un qui a fait ça”. C’était toujours le genre d’histoire qu’on entendait, mais on n’avait jamais rencontré des gens qui mangeaient vraiment cru.
F: Donc vous vous sentiez peut-être seuls au monde, d’une certaine façon?
S: On se sentait pas mal seul, oui, je dirais. Puis en Indonésie quand j’ai appris qu’il y avait David Wolfe qui avait écrit un livre dans lequel il disait qu’il y avait un million d’Américains qui mangeaient cru. On est tombé à terre! On a dit, qu’est-ce que c’est ça, qu’est-ce qui arrive en occident... wow! Le monde a évolué tout d’un coup… Comme si un miracle venait de se produire.
F: Tu étais à sa conférence et tu as quand même vu qu’il y avait plus de 200 personnes qui étaient là et une partie d’entre eux qui s’intéressaient à ça sérieusement. Comment perçois-tu le mouvement cru actuel après tout ce temps-là?
S: Moi je dis, c’est un cheminement pour aller jusqu’au cru, le cru tel que nous, on le pratique. Mais j’ai trouvé ça high-tech la bouffe qu’il veut produire. Finalement, c’est pas à la porté de tout le monde.
F: Donc c’est quoi ta façon à toi de manger cru?
S: Lui (David) il fait des petits trucs raffinés... des petits pots qu’il produit. J’ai pas fait le tour de tous ces aliments-là. C’est un peu trop high-tech…
F: Les super-aliments?
S: Les supers-aliments, oui. C’est peut-être plus pour une tranche de la population, mais c’est pas grave. C’est très bon qu’il ouvre le chemin et qu’il en parle. Les gens qui mangent cru, qui mangent des oignons, qui mangent n’importe quoi, c’est pas grave. C’est l’évolution. La graine est semée et elle va continuer à faire son chemin en dedans d’eux. Les gens vont continuer d’évoluer, ils vont se poser des questions. C’est une évolution. Une fois que t’embarque dedans, tu veux toujours plus. C’est pas pour rien que t’embarques dedans. T’as déjà un côté en dedans de toi qui te pousse à plus. Alors tu veux aller plus loin, tu vas vouloir atteindre un idéal avec cette alimentation-là. Si tu décides de changer d’alimentation, c’est parce que l’alimentation est importante pour toi. Si elle est importante, elle va continuer à l’être et tu vas vouloir atteindre un idéal.
F: Pour toi l’idéal, c’est quoi?
S: Ben l’idéal, c’est sûr que c’est de manger bio. C’est pas de rester dans la ville. Après ça, une fois que tu change l’alimentation, peut-être que tu veux changer ton mode de vie.
F: Donc on parle plus juste d’un changement d’alimentation?
S: Ben oui, c’est un changement de vie. Tu deviens conscient de toutes sortes de choses. C’est un outil de conscientisation aussi.
F: Et pour toi, c’est quoi l’alimentation idéale?
S: Il faut que tu tiennes compte de l’endroit où tu habites. Il faut que tu manges la nourriture qui est disponible là où tu habites. C’est pas toujours évident...
F: Ton alimentation ressemble à quoi?
S: Toutes les semaines, je vais au marché Jean-Talon et j’achète mes caisses de fruits, selon ce qui est disponible. Je goûte sur place ce que mon marchand me présente — ce qu’il a de mieux. Il connaît mes goûts et il sait que je suis difficile. Ici, je ne peux pas manger bio car je travaille le jour et je ne peux pas me rendre directement aux magasins d’aliments naturels. J’ai continué avec le même mode de vie que j’avais en 97 quand je suis parti. C’était d’aller au marché et d’acheter mes caisses de fruit que j’aimais bien et de m’arranger avec ça. J’ai recommencé aussi les pousses, les germinations...
F: Donc ton alimentation comprend les fruits, les germinations...
S: Les légumes aussi.
F: Des noix aussi?
S: Aussi.
F: Les algues?
S: J’en ai presque pas mangé depuis que je suis ici parce que, tu vois, j’ai comme eu mon quota d’algues en Indonésie. [rire]. J’en ai mangé un petit peu cet été, mais pas beaucoup. Et comme je sais que je retourne en Inde, je sais que je vais me remettre à la spiruline fraîche.
F: Vous en trouvez là-bas?
S: Oui, ils en cultivent.
F: Fraîche, pas séchée?
S: C’est bon de la spiruline fraîche! C’est ah… c’est excellent.
F: Et les jus?
S: Oui, je fais des jus, j’ai mon « Champion ». Je fais des jus parce que parfois je trouve que les fruits ne sont pas mangeables! [rire] En Indonésie on trouve les meilleurs ananas du monde. Quand tu manges ça, tu ne veux pas faire de jus. C’est gaspiller que de faire un jus. Mais ici, l’ananas, c’est pas l’idéal. C’est pour ça qu’il faut que je m’adapte. Ici je fais ces compromis-là. Je peux faire des jus, je prends le robot culinaire, je me fais des salades, je fais mon petit mélange. Ça j’appelle ça des compromis. Mais dans la nature, on prend l’aliment et on le mange comme ça. Dans une salade, ce qui arrive c’est que tu ne goûte plus rien — c’est un goût uniforme
F: Est-ce qu’il y a des aliments que tu exclues de ton alimentation?
S: Les oignons, par exemple. Mais je mange un peu de ciboulette. Quand on mange des oignons, on a des rapports après, et ça, c’est un signe que l’organisme a de la difficulté à digérer l’aliment. Mais j’ai ressayé la ciboulette, qui est très différente des autres sortes d’oignons, elle est verte, et j’ai trouvé qu’il n’y avait pas de problèmes de digestion comme avec l’oignon.
F: Et l’ail?
S : Oh c’est terrible. Quand les gens mangent ça et dorment dans une pièce fermée, le matin ça sent l’enfer! Donc l’ail, on n’en mange pas. Ni d’oignon, ni de champignons, de piments forts, ou même du gingembre.
Nous, notre philosophie, c’est si tu peux manger une poignée d’un aliment, sans que ce soit difficile pour toi, alors vas-y, c’est naturel. Mais essaye de manger une poignée de gingembre pour voir...
F: C’est l’hygiénisme en fait? Les hygiénistes disent la même chose.
S: Je ne sais pas c’est quoi! Pour nous, c’est devenu évident sans avoir lu ces livres.
F: Et les produits animaux?
S: Non. Quoi que je mange du fromage cru de temps en temps. Mais pour moi, c’est pas vraiment un besoin, c’est plus émotif. Quand j’étais en Indonésie, je n’en mangeais pas. En Inde, je faisais du yogourt avec le lait cru là-bas, et c’était le meilleur yogourt que j’ai jamais mangé! Mais en Indonésie les gens ne mangent pas vraiment de produits laitiers. Alors on s’est adapté et on mange plutôt des noix. Ça va bien.
F : Manges-tu du miel?
S : Je trouve ça trop sucré.
F : Parle-moi donc de tes voyages depuis 5 ans? Qu’est-ce qui t’as poussé à partir?
S : Quand tu manges cru, à un moment donné tu veux finir par aller aux endroits où tu peux manger des vrais fruits qui ont poussé au soleil et qui n’ont pas subits un long transport durant des semaines. Mais c’est aussi qu’on voulait sortir de la société. Pour nous, c’était pas l’idéal cette société-là. On était à la recherche d’une terre. On voulait devenir complètement indépendant de la société. En premier on est allé au Sri Lanka, on est resté là 15 mois.
F : Tes enfants ont quel âge?
S : 20 ans et 14 ans. Ça n’a pas été facile de les élever à cause de ma parenté. Mes parents pouvaient déjà difficilement accepter que je mange cru. Et après ça on ne savait plus à qui se fier. J’ai jamais voulu les faire garder parce que je ne faisais pas confiance aux gens. J’avais trop peur qu’ils essaient de tromper ma fille, qu’ils me trompent, qu’ils veuillent lui faire manger des choses. Puis effectivement, c’est arrivé. Mon père a voulu tromper ma fille qui avait quatre ans à l’époque. Il lui avait donné un verre de lait avec de la crème glacée dedans et des fraises. Il lui avait expliqué “C’est ben bon, c’est du lait avec des fraises.” C’était quelque chose qu’elle mangeait et connaissait. Pourtant elle lui a dit, “Il y d’autre chose là-dedans!” Elle était insultée qu’il l’ait trompée. Après sa première gorgée, ma mère est intervenue et lui a dit qu’il avait mis de la crème glacée dedans. C’est quelque chose qu’elle a gardé à vie. Mon père ne le sait pas, mais il l’a trahi.
Une autre fois c’était une voisine. Ma fille s’en allait à son cours de karaté. Elle était un petit peu plus vielle, 7-8 ans. Je ne me souviens plus pourquoi, mais elle n’avait pas pu manger chez nous. La voisine lui a alors offert une tranche de pain avec de la mélasse. Elle y a goûté, mais elle n’a pas aimé ça.
C’était toujours comme ça, les voisins, la famille, aussitôt que tu n’es pas là, ils s’essayent. À l’école, mes enfants emportaient tout le temps leur lunch, et les autres enfants à l’école étaient vraiment curieux de voir qu’est-ce qu’il y avait dans leur boîte à lunch. Ils savaient tous qu’eux ils mangeaient cru. Les autres enfants essayaient de les faire manger d’autres choses, par exemple ils lui mettaient une pointe de pizza devant la bouche en disant, “Ben goûtes-y, c’est bon de la pizza!”
F : Tes enfants n’avaient pas envie de goûter?
S : Non, parce que nous les avions éduqués en fonction de les décourager de ça. Et on se disait qu’on avait le droit de faire ça! On voulait qu’ils mangent cru et on voulait que ça tienne cette affaire-là. Donc, ils n’avaient pas le goût d’aller manger dans les assiettes des autre et d’essayer la nourriture des autres. Ma plus jeune a fait certaines expériences, mais aujourd’hui c’est bien ancré en eux et ils n’ont pas envie de changer. Ils sont très stricts avec ça.
F : Quand tu as élevé tes enfants, avais-tu certaines inquiétude par rapport à leur santé ?
S : C’est sûr, parce que c’était une expérience qu’on faisait. On ne savait pas si c’était vrai le cru, si ça pouvait marcher. Donc je suivais leur progrès selon les chartes que j’avais — les chartes américaines, pour ce qui était de leur poids et leur croissance par rapport à leur âge.
F : Comment ça c’est passé?
S : Elles sont devenues plus grandes que selon les statistiques! Elles se sont super bien développées. Jusqu’à ce qu’elles atteignent leur puberté, elles ont toujours été des enfants plus petits que les autres. Sur les chartes, elles étaient dans le plus bas percentile. Après leur puberté, elles se sont mises à grandir plus que la moyennes. Elles étaient toujours minces — mais pas décharnées. Après la puberté, on a vraiment vu que ça marchait, car comme adultes elles se sont très bien développées.
On avait une alimentation variée. C’était un principe qu’on gardait tout le temps. Si tu manges toujours la même chose, c’est sûr que tu vas être déséquilibré. On s’obligeait quasiment à manger un repas de légume par jour. On mangeait deux repas de fruit, mais aussi un repas de légumes. On trouvait que les nutriments des légumes étaient vraiment importants. On s’arrangeait pour toujours varier selon les saisons. Pour être sûr qu’il nous manque de rien, on rajoutait des algues en plus. On savait que les algues sont très riches en minéraux. On avait un guide de nutrition avec les nutriments dans chaque aliment, deux pages par aliments. Quand on voulait savoir s’il nous manquait d’une vitamine ou d’un minéral, on allait regarder dans ce livre.
F : Et vous mangiez des produits laitiers?
S : On en mangeait à l’époque. Du yogourt et des fromages frais pas salés.
F : Il y a plusieurs crudivores qui ont des problèmes avec leurs dents, qu’est-ce que tu penses de ça?
S : Quelqu’un m’a parlé de ça récemment. Ça doit être parce qu’il manque du calcium dans leur organisme, j’imagine.
F : Vous n’avez pas eu ces problèmes ?
S : Non. Mais on mangeait des produits laitiers. Si on ne mange pas de produits laitiers, il faut manger des graines de sésames, car elles contiennent beaucoup de calcium. En Indonésie, on en mangeait beaucoup.
F : Et vous n’avez jamais eu de caries ?
S : Ma fille aînée a eu des caries quand elle était très jeune. On avait la croyance qu’en mangeant cru on n’aurait pas de caries. Mais j’ai des petites nouvelles, du sucre ça reste du sucre. Je parle du sucre des fruits séchés. Ma fille avait souvent l’habitude de manger des fruits séchés avant de s’endormir. On ne le savait pas! Les fruits séchés ça reste sur les dents, et surtout avant de se coucher ! Toute la nuit tu as ce sucre-là dans la bouche. Donc elle a eu des caries, mais c’était avant d’avoir ses dents d’adulte. Après ça elle n’a pas eu de problèmes. Ma deuxième fille n’a jamais eu de caries. On lui brossait les dents à tous les soirs. Au moins une fois par jour.
F : C’est intéressant de discuter de ton expérience, que tu aies mangé cru pendant si longtemps sans jamais avoir rencontré personne d’autre qui pratiquait cette alimentation, et que maintenant tout d’un coup tu rencontres plein de monde et tu te mettes en contact avec le mouvement crudivore.
S : C’est vrai, j’ai été tellement surprise quand je suis revenue de mes voyages, de rencontrer tout ce monde-là.
Mes enfants maintenant sont en Inde et moi je retourne là-bas bientôt, pour un temps indéterminé ! Ma fille accouche bientôt.
F : Donc, une troisième génération de crudivore ?
S : Je dirais une deuxième génération, car je n’ai pas été crudivore à 100% toute ma vie, seulement depuis 1981. C’est pour ça que je retourne en Inde, pour aider ma fille avec son accouchement et la sécuriser avec tout ça. Ma fille continue aussi ses études.
F : Merci pour l’entrevue Solange !
S : Ça m’a fait plaisir !
Fréderic Patenaude est l'auteur du e-book "The raw secrets". Il offre un accès gratuit à sa bibliothèque privée de plus de 100 articles exclusifs ainsi qu'un abonnement à sa newsletter "Pure Health & Nutrition". Visitez : http://www.fredericpatenaude.com pendant que les abonnements sont valables.
Colette
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